Recyclage des déchets plastiques au Cameroun : de l’urgence à l’innovation
Chaque matin, à Yaoundé, Douala, Bafoussam ou Garoua, les rues s’animent. Marchés en effervescence, klaxons, rires, discussions. Mais en arrière-plan, une autre réalité s’impose : celle des sacs en plastique qui s’envolent, des bouteilles vides entassées, des caniveaux obstrués. Le plastique est partout. Et il ne disparaît jamais.
Une urgence environnementale
Le Cameroun produit plus de 600 000 tonnes de déchets plastiques par an, dont une grande partie finit dans la nature. Caniveaux, rivières, plages, forêts : aucun écosystème n’est épargné. Cette pollution impacte la santé, l’agriculture, l’eau potable… et notre avenir commun.
Face à cette urgence, le recyclage apparaît comme une réponse essentielle. Mais il ne suffit pas de collecter. Il faut repenser toute une économie.
Des initiatives qui changent la donne
Depuis quelques années, des acteurs locaux redoublent d’ingéniosité pour transformer le problème en opportunité. On voit émerger un véritable écosystème du recyclage, porté par des startups, des ONG, des coopératives et même des artistes.
Parmi eux :
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Name Recycling, qui transforme les déchets plastiques en pavés pour routes et trottoirs. Résistants, durables, ces pavés ont déjà servi à la réfection de dizaines de mètres carrés à Douala.
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Madiba & Nature, une initiative verte qui fabrique des pirogues écologiques en bouteilles plastiques recyclées, tout en sensibilisant les communautés riveraines.
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EcoBin, un projet d’installations de bornes de tri dans les quartiers populaires, couplées à une application mobile de récompense.
Ces projets montrent qu’avec peu, on peut faire beaucoup — à condition d’y croire et de structurer une chaîne solide, de la collecte jusqu’à la transformation.
Le défi du tri et de la sensibilisation
Mais le plus grand défi reste le tri à la source. Trop souvent, les déchets plastiques sont mélangés aux déchets organiques, brûlés ou simplement abandonnés. Les habitudes ont la vie dure, surtout quand les infrastructures manquent.
C’est pourquoi l’éducation joue un rôle clé. À travers les écoles, les médias, les entreprises, une nouvelle conscience écologique émerge. Les jeunes s’emparent du sujet, créent des contenus, organisent des clean-ups, lancent des challenges #ZéroDéchet.
Une économie verte à portée de main
Au-delà de l’environnement, le recyclage des plastiques peut devenir un levier économique puissant. Création d’emplois, innovation, entrepreneuriat, développement local… Le Cameroun a tout pour devenir un leader de la reconversion des déchets en ressources.
Mais pour cela, il faut aller plus loin :
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Encourager les politiques publiques ambitieuses,
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Soutenir les filières locales de recyclage,
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Impliquer les industriels dans une logique de responsabilité,
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Et surtout… faire de chaque citoyen un acteur du changement.
Recycler, c’est plus qu’un geste écologique. C’est un acte de souveraineté. C’est reprendre le contrôle sur ce que l’on jette. C’est faire pousser l’espoir dans nos déchets.
Et si le Cameroun devenait un modèle de transition verte en Afrique ? Le potentiel est là. À nous de le transformer.